Deux ans après avoir contacté pour la première fois en Vendée le Criquet automnal, Aiolopus strepens (Latreille, 1804) dans une ancienne carrière située à Cheffois [46,66389° N ; 0,78472° W], l’espèce a pu être retrouvée sur le même site dans des conditions similaires à la première découverte datant de février 2012. Profitant d’une belle journée ensoleillée, le lundi 24 février 2014, j’ai pu contacter 3 individus adultes d’Aiolopus strepens (2 mâles et 1 femelle), au même endroit qu’il y a deux ans, soit à l’entrée ouest de la carrière, au pied des hauts fronts de taille exposés au sud. Les individus rencontrés sont tous de la même livrée entièrement brune que la petite population qui avait été observée en 2012.

Aiolopus strepens femelle, Cheffois (Vendée), 24 février 2014, © François Bétard

   Ces nouvelles observations me font croire que la carrière de Cheffois correspond bien à une station permanente de l’espèce, indiquant une population indigène visiblement bien implantée sur ce site. Si l’on peut considérer cette espèce comme faisant bien partie désormais de la faune départementale, il serait toutefois intéressant de la rechercher ailleurs dans le département, dans tous les biotopes favorables, en particulier les anciennes carrières mais aussi les clairières et lisières forestières. L’espèce est facile à repérer, notamment du fait de sa phénologie particulière : dans nos régions, c’est en effet le seul criquet de cette taille (18 mm à 20 mm chez le mâle, 21 mm à 28 mm chez la femelle) que l’on peut trouver à l’état adulte en hiver et jusqu’au début du printemps, alors que la plupart des sauterelles et criquets sont adultes en été. Espèce farouche, qui fuit généralement en volant à plusieurs mètres au moindre dérangement, on la reconnaît aussi facilement à ses ailes hyalines pouvant paraître bleutées, que l’on peut voir au moment du vol.

   C’est donc le bon moment pour la rechercher, en cette fin d’hiver et jusqu’au début du printemps (avril-mai), les conditions optimales pour son observation étant les moments les plus chauds des belles journées ensoleillées, comme ce fut encore le cas pour l’observation du 24 février 2014. En 2013, à la même période, les mauvaises conditions météorologiques ne m’avaient pas permis de recontacter l’espèce sur le site. Le Criquet automnal est potentiellement présent partout dans le département, du littoral au bocage en passant par les secteurs de plaine calcaire, à condition de disposer de milieux favorables (biotopes xérothermiques), comme le montrent les découvertes récentes de nouvelles stations dans les départements limitrophes : en Loire-Atlantique, l’espèce a été observée sur le littoral (dunes de Lyarne) et dans l’intérieur des terres, à Boussay, près de la limite avec la Vendée et le Maine-et-Loire (P. Trécul, com. pers.) ; en Maine-et-Loire, sur le coteau du Pont-Barret, à une trentaine de kilomètres au nord de Cholet ; en Deux-Sèvres, dans une dizaine de stations au moins, dont une située dans une maille limitrophe avec la Vendée (secteur de Benet) ; en Charente-Maritime, dans de très nombreuses stations (la plupart considérées comme permanentes), dont une située dans l’extrême nord du département (Aunis). Si bien que de nouvelles stations devraient prochainement être découvertes en Vendée, si les prospections viennent à s’intensifier ou si nous offrons simplement un œil plus attentif aux orthoptères durant la saison hivernale.

François Bétard