Trois observations floristiques remarquables
en Vendée

Lathyrus pannonicus (Jacq.) Garcke
subsp. asphodeloides (Gouan) Bässler

   La Gesse blanchâtre est protégée dans les Pays de la Loire, elle est considérée comme très rare et en très forte régression dans la région (catalogue de la flore vasculaire indigène des Pays de la Loire).
En Vendée, elle est connue en bordure des marais de Talmont mais n’avait pas été revue depuis plus d’un siècle dans le bocage vendéen.

Lathyrus_pannonicusPhoto : Thibault LEFORT, mai 2013

   Lathyrus pannonicus subsp. asphodeloides est rare en France, on la trouve depuis le Sud de l’Italie jusqu’à l’Ouest de la France (Dupont P., 2001, Atlas floristique de la Loire-Atlantique et de la Vendée). Elle affectionne les terrains calcaires et humides. En mai 2013, elle a été retrouvée à Sigournais, au Fief du Champ Blanc, au pied d’une butte calcaire. Nous avons dénombré une dizaine de pieds en zone hydromorphe. Son maintien sur ce site est peu probable en raison d’une colonisation forte et rapide par des essences forestières qui entraînera un manque la lumière et un assèchement du sol.


Campanula erinus L.

   La Campanule à petites fleurs est considérée comme ayant disparu en Vendée (classe de régression et de rareté « Présumé disparu ») dans le catalogue de la flore vasculaire indigène des Pays de la Loire. Historiquement, elle a été observée à l’extrême Sud-Est de la Vendée et aux environs des Sables-d’Olonne.

   Pierre Dupont, dans le tome 1 de son atlas floristique de la Loire-Atlantique et de la Vendée, précise que la plus remarquable des flores calcicoles est celle de la vallée des Quatre Vaux au nord d’Auzay, coupée hélas par l’autoroute Nantes-Niort. C’est sur ce site exceptionnel qu’a été revue Campanula erinus au mois de juin 2013.

Campanula_erinusPhoto : T. LEFORT, juin 2013

   Cette campanulacée, aisément identifiable, se trouve à Auzay dans son habitat de prédilection sur un petit affleurement rocheux calcaire et vertical, en bordure d’une prairie pâturée. Un seul pied a été observé. Cette micro-station est située sur la limite nord de la répartition française, la Campanule à petites fleurs est en effet plus abondante sur le littoral méditerranéen. La plante ne semble pas menacée à Auzay par un embroussaillement à court terme. Cette découverte est à mettre en relation avec l’exceptionnelle richesse de ce site, sur lequel des actions de gestion devront être menées pour éviter la fermeture du milieu à plus long terme.


Centipeda cf. cunninghamii (DC.) A. Braun & Asch.

   C’est au cours d’une sortie de groupe, organisée par les Naturalistes Vendéens et le Conservatoire Botanique de Brest, que Fabien Dortel nous montra cette étrange plante qu’il avait repérée lors d’une visite préparatoire à la sortie sur la commune de Saint-Christophe-du-Ligneron. Ayant piqué notre curiosité, en précisant qu’aucun botaniste ne connaissait cette plante, la puissance du réseau sur l’Internet a alors opéré et c’est finalement J.-M. Tison qui l’a identifiée : il s’agit très vraisemblablement de Centipedia cunninghamii (DC.) A. Braun & Asch. C’est, à notre connaissance, la première observation en France.

   Le genre Centipeda compte une dizaine d’espèces distribuées dans l’hémisphère sud : Australie, Nouvelle-Zélande, Asie du Sud-Est, Madagascar, Amérique du Sud (Kadereit J.W. & Jeffrey C., 2007. – The Families and Genera of Vascular Plants, Volume VIII: Flowering Plants: Eudicots-Asterales. Berlin, Springer-Verlag, 635 p., 131 illustrations [399-400]).

Centipedia_cf_cunninghamiiPhoto : B. Chiffoleau, juin 2013)                                                                            Photo T. Lefort, juin 2013

   Les informations suivantes sont issues de différents sites de l’Internet et doivent être confirmées et affinées.

   Centipedia cunninghamii est une Astéracée vivace d’une vingtaine de centimètres de haut, avec des capitules de fleurs sessiles non ligulées et insérés le long de la tige. Les feuilles dentées et un peu épaisses mesurent environ 15 mm, la plante est fortement aromatique au froissement. Elle est spontanée et bien connue en Australie où elle affectionne les zones humides du Sud-Est et du Sud-Ouest de ce continent. Elle est connue depuis des siècles pour ses propriétés médicinales et cultivée en Australie et aux États-Unis. Nous n’avons pas trouvé trace de sa culture en Europe de l’Ouest mais c’est à confirmer par des recherches plus approfondies.

   Centipedia cf cunninghamii à Saint-Christophe-du-Ligneron (85), dans la carrière de sable de la Noue :

   Le site, insolite, est composé de multiples plans d’eau avec une végétation parfois remarquable (par exemple Pilularia globulifera L. en quantité) et de vastes zones de dépôts d’argile issus de la filtration des sables sur lesquels on observe de nombreuses crevasses d’assèchement où se développent des espèces rares (Filago gallica L.). L’ensemble du site est très perturbé par une intense activité d’extraction de sable.

plan-d'eauUn des multiples plans d’eau de la carrière. La plante se développe largement en bordure, sur les grèves, pour l’instant sous forme de rosettes feuillées (photo : T. LEFORT, juin 2013)

argileVaste zone de dépôt d’argile, Centipeda cf. cunninghamii a été trouvée dans une crevasse, à l’état adulte (photo T. LEFORT, juin 2013)

   Un seul pied adulte a été observé mais des recherches plus poussées pourraient être fructueuses. De multiples zones sont également colonisées par des semis de cette espèce. Ces zones sont toutes hydromorphes : terrains exondés en bordure de plans d’eau ou petites cuvettes. Ce caractère hygrophile de la plante est confirmé par toutes les publications que nous avons trouvées. Il paraît important de surveiller cette espèce qui semble avoir un fort potentiel colonisateur dans les zones humides.

 Thibault  LEFORT